jeudi 19 novembre 2009

Le mécénat du soutien des Muses à la mesure de l’impact


Apanage de chefs d’Etat ou de personnalités religieuses, le mécénat est longtemps resté cantonné dans le cercle artistique. Depuis quelques décennies, les entreprises françaises ont largement adopté le mécénat, d’autant plus facilement que l’Etat était peu présent. Dans le même temps, le mécénat a investi d’autres champs comme la recherche, l’innovation, l’éducation, la solidarité, le sport et l’environnement. Mais, l’entreprise n’est pas philanthrope. L’exigence de ne pas gaspiller les fonds distribués a conduit à une professionnalisation du mécénat, qui tend également à s’adapter aux exigences de la société civile.

Le mot « mécène » serait apparu dans la langue française en 1526, sous le règne de François 1er. C’est Caius Cilinius Maecenus, dont le nom francisé est Mécène, qui lui a donné son nom. Ce chevalier romain (69 à 8 av. J.-C), conseiller de l'empereur Auguste, fut protecteur des plus grands poètes de son temps (Horace, Virgile, Properce). Pour ce faire, cet épicurien a utilisé à la fois sa fortune et son influence.

Selon l’encyclopédie, Wikipedia, l’image de Maecaenus (photo ci-dessus : Bust de Maecenas au Coole Park, Co. Galway, Irlande) a été magnifiée par ses protégés jusqu’à rester dans les mémoires : « il apparaît très fréquemment dans leurs vers, soit à visage découvert, soit sous divers masques, et c’est toujours pour s’opposer comme un modèle d’élégance, de goût, d’humanité, et de sensibilité douloureuse, à un Auguste violent, grossier, dominateur, et menaçant, qu’il incombe au lecteur d’identifier sous ses différents avatars. »

A la Renaissance, les grandes familles italiennes, désireuses d’exposer leur puissance et leur raffinement, ont remis au goût du jour cette démarche. Dès lors, elle ne s’est jamais démentie. Né en 1449, Laurent le Magnifique, du latin magnificus « qui fait de grandes choses », personnifie le mécène à l’époque glorieuse de l’Humanisme. Avec des chefs d’œuvre qui ont traversé le temps.

Son grand-père, Cosme de Médicis, fut le premier de sa ligné à allier la gestion de la banque familiale à la politique, en consacrant une large part de sa fortune au bénéfice des arts et de la charité. A l’origine, la fortune de cette famille patricienne provenait du commerce de la laine et des premiers médicaments. C’est sous sa houlette que cette banque d'affaires familiale, financière du Pape et de nombreux souverains, s’est implantée dans toutes les places financières d'Europe.

Bien plus tard, à l’ère industrielle, la réussite de grands barons a donné naissance à un vaste mouvement philanthropique aux Etats-Unis, dont Bill Gates est sans doute un héritier. En France, le mécénat du monde des affaires a été freiné par la tradition jacobine et par le travers du paternalisme. André Malraux a heureusement introduit des mécanismes d'incitations fiscales, qui allaient être ensuite complétées au fil des ans.

En France, le mécénat a rencontré son public, comme le démontre une enquête Admical-CSA divulguée en juin 2008, qui intègre aussi les PME. Il en ressort qu’il existe 30.000 mécènes, de toutes tailles, avec une enveloppe globale pour 2008 de 2,5 milliards d'euros. La fiscalité joue un rôle sans doute important pour les PME, dont les moyens financiers sont plus limités. Près de la moitié des mécènes s'engagent dans la solidarité, plus d'un tiers dans la culture, un quart dans le sport, 14 % dans l'environnement et 11 % dans la recherche. Les deux thématiques qui affichent la plus forte croissance sont l’environnement et le mécénat de compétence.

Le mécénat tend de plus en plus à s’inscrire dans le métier de l’entreprise comme la Fondation Nestlé en France dans le domaine de la nutrition. Cet ancrage facilite l’identification du mécène par le grand public et permet plus facilement au personnel de l’entreprise d’apporter ses compétences ou de présenter des projets. Pour structurer leur politique de mécénat, les entreprises de toute taille passent souvent par la création d’une Fondation. Ce statut juridique permet de mieux s’organiser et traduit la volonté du mécène de s’engager dans la durée. C’est notamment le cas de la Fondation d’entreprise, qui a une durée de 5 ans avec un budget minimum de 150.000 euros sur cette période.

L'image institutionnelle de l'entreprise véhiculée par le mécénat doit lui permettre d’atteindre différentes cibles. Mais, contrairement aux idées reçues, la motivation du personnel et la fierté d’appartenir à l’entreprise sont aussi au cœur des stratégies. Par rapport à une campagne de publicité, le mécénat se veut moins intrusif et s’inscrit dans la durée. Il peut influer sur la réputation de la firme, les valeurs associatives étant plébiscitées dans les grands pays industrialisés.

Les associations figurent parmi les principaux bénéficiaires du mécénat, non seulement pour des raisons financières, mais par ce que des organisations comme les Fondations jouent un rôle structurant. Le secteur privé peut ainsi pousser les ONG à professionnaliser leur approche, pour avoir un impact maximum sur la société ou sur l’environnement. Avec notamment des initiatives de mécénat comme outil de développement.

A la Fondation Vinci, pour chaque projet, des indicateurs sont fixés au départ comme objectifs à atteindre. Un reporting est réalisé à la fin. A la Fondation Vinci, la sélection des projets se fait comme dans le capital risque sur la qualité du projet et la personnalité de son principal animateur. Il en va de même dans les nombreux prix remis par des Fondations à des associations. Les fonds donnés doivent être utiles. Les nouveaux bailleurs de fonds recherchent à obtenir « un retour social sur investissement ».

Compte tenu parfois de la méfiance de nombreuses parties prenantes vis-à-vis du mécénat, en raison des risques de récupération de certaines causes, il vaut mieux attendre que les actions soient réalisées pour communiquer, voire faire parler les bénéficiaires.

Sans surprise, le mécénat va intégrer de plus en plus les préoccupations environnementales et sociétales de la société civile. Mais, le développement durable ne semble pas pour autant en mesure de menacer le mécénat, qui semble s’y adapter en douceur. Surtout, le mécénat reste globalement peu coûteux, qui en fait un outil à part entière. Pour François Debiesse, Président de la Fondation BNP Paribas et auteur d’un Que sais je, , le « mécénat reste un acte libre, quand l’essentiel de la responsabilité sociale de l’entreprise répond à des obligations ou contraintes réglementaires.»

Pour aller plus loin :
La Fondation SFR er Reconnect
http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/11/les-plus-demunis-retrouvent-du-lien.html

Le besoin d’évaluation
http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/09/les-partenariats-ongentreprises-ne.html

Le point de vue de Bill Gates
http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/06/bill-clinton-sadapte-la-crise-du-carnet.html

Des entreprises mécènes beaucoup plus structurées
http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/07/des-entreprises-mecenes-beaucoup-plus.html

Le site de l’entreprise citoyenne
http://www.entreprise-citoyenne.com/

1 commentaire:

externalisation a dit…

Le mécénat pour une entreprise constitue aussi une forme de publicité.

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