mercredi 24 février 2010

Les associations caritatives anglo-saxonnes savent réunir politiciens, businessmen et show biz


Absolute Return for Kids (ARK) est une association caritative (charity) dont le but est de transformer la vie des enfants. Fondée en 2002 par des spécialistes des investissements alternatifs (hedge funds), mettant en commun leurs compétences et leurs ressources pour accroître les chances de réussite des enfants dans la vie. Elle a longtemps été présidée par Arpad Busson, fondateur du groupe d’investissement EIM.

L’idée d’ARK est d’atteindre un rendement social élevé en matière d’investissement philanthropique. Selon son site Internet, « des experts passionnés recourent à leur parfaite connaissance des affaires pour obtenir des résultats concrets sur le terrain sous la direction de son conseil d'administration. »

Employant plus de 1.000 personnes directement et via des partenaires, des programmes de l'ARK s’efforcent d’atteindre des objectifs soigneusement définis à l’avance dans les domaines du VIH / sida (Afrique subsaharienne), de l'éducation (Royaume-Uni, Inde) et la prise en charge d’enfants abandonnés ou orphelins (Europe orientale). A mi 2009, ARK indiquait avoir eu un impact sur 120.000 enfants. L’association internationale s’appuie souvent sur le terrain sur des ONG locales.

ARK s’inspire des meilleures méthodes de la finance de marché et ses levées de fonds mobilisent des invités prestigieux (Bill Clinton, Madonna, etc.). En finance, la gestion « absolute return » permet de réaliser des résultats totalement décorrélés de ceux des indices ou d’un benchmark en raison de l’utilisation de techniques visant à réduire les risques et procurer une performance absolue.

Pour attirer des donateurs qui ont les moyens de tout s’offrir, le dîner de gala n’a pas hésité ces dernières années à récompenser ses donateurs avec des lots hors du commun mis aux enchères : une partie de danse avec Richard Gere, un cours de yoga avec Sting, une partie de tennis avec le premier ministre Tony Blair, une rencontre avec Mikhaïl Gorbatchev, après avoir volé dans un Mig-25 et exécuté un tour de centrifugeuse à la Cité des Etoiles à Moscou.

En juin 2009, de nouveau, malgré la crise, les célébrités ont encouragé plus de 900 traders, managers et banquiers à se montrer généreux. Nelson Mandela avait écrit un mot de soutien. Le dîner a été organisé au terminal désaffecté à la station Waterloo, avec deux trains de l’Orient Express réservés pour l’occasion. De nombreux prix figuraient à la tombola : cinq Fiat 500s peinte à la main par Damien Hirst, une escapade pour 12 personnes à bord du yacht de Mark Getty, etc

Le dîner, qui s'est tenu au cours des sept dernières années, est devenu l'un des plus grands collecteurs de fonds dans le monde. Au total, l'événement aurait recueilli 120 millions de livres en sept ans. Même en baisse, les 15 millions de livres levés lors du gala 2009 ont été considérés par le Telegraph comme un des signes précurseurs qu’une page de la crise financière était tournée à Londres.

Si la recherche de l’efficacité et de l’évaluation a bien franchi la Manche, ce type de gala réunissant show biz et hommes d’affaires autour de la défense d’une cause reste encore assez rare en France. Pourtant, le fundraising est devenu une profession à part entière. De nombreux entrepreneurs sont actifs en France, notamment par ce que la philanthropie se justifie pleinement pour réduire les inégalités. Leurs compétences et leurs carnets d’adresse peuvent permettre de gagner du temps et d’ouvrir des portes.

Deux économistes de référence, Augustin Landier et David Thesmar, considéraient dans une tribune dans les Echos du 6 mai 2009 que le véritable enjeu du débat sur le salaire des patrons en France est celui d’une élite qui ne parvient plus à justifier ses privilèges par les risques de sa condition. Pour eux, le revenu des grands patrons serait dans la conscience collective devenu trop élevé par rapport à la faible probabilité qu’ils soient un jour sanctionnés.

Ils devraient « s'inspirer du code de bonne conduite écrit à la fin du XIXe siècle par Andrew Carnegie, géant de la sidérurgie, l'un des «barons voleurs» qui ont fondé le capitalisme américain, dont les principes guident l'action charitable massive d'un Bill Gates ou d'un Warren Buffet. Carnegie estimait que la société capitaliste ne survivrait que si ses élites financières engageaient activement une partie très importante de leur patrimoine au bénéfice de la communauté via le financement des arts, de l'éducation ou des jardins publics. »

Pour aller plus loin :

ARK online
http://www.arkonline.org/

Sur le même thème : Wall Street aide ses démunis
http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/05/wall-street-aide-ses-demunis.html

L'action de Jet Li
http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/06/un-jet-li-combattant-philosophe-et.html

« De la légitimité du patronat français ». Augustin Landier est professeur assistant à l'université de New York (NYU Stern). David Thesmar est professeur associé à HEC et directeur scientifique du BNP Paribas hedge fund center.
https://studies2.hec.fr/jahia/webdav/site/hec/shared/sites/thesmar/acces_anonyme/home/non%20academic%20articles/legitimit%C3%A9.pdf
Association Française des Fundraisers (AFF)
http://www.fundraisers.fr/

Page wikipedia d’Arpad Busson
http://en.wikipedia.org/wiki/Arpad_Busson

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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- Thomas

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