mercredi 30 mars 2011

La belle histoire d’amour des Bonobos orphelins et de leurs mamans humaines de substitution

Un film vient de sortir en France, qui relate la vie des Bonobos. Ce cousin de l’homme, avec qui il partage 98,6% des chromosomes, est menacé. Cette espèce serait ainsi passée depuis 1980 de 100.000 à seulement 20.000 individus.

Les Bonobos, qui ne vivent qu’au Congo, subissent les coups de butoir du braconnage et de la déforestation. Le faible niveau de vie des habitants, notamment soldats souvent impayés, a en effet favorisé la recrudescence du trafic de viande de brousse, même si les Bonobos sont officiellement protégés par les lois congolaises et par la Convention de Washington (CITES).


Lorsque la maman bonobos est tuée pour sa viande, le bébé orphelin est vendu sur les marchés comme animal de compagnie pour une poignée de billets. Et c’est là qu’est entrée en scène Claudine André, il y a 20 ans, qui refusait de se résoudre à laisser mourir un petit bonobos en captivité. Sans l’affection de leur mère, ces animaux dépérissent. Depuis, la fondatrice de Lola ya bonobo, «le paradis des bonobos» en lingala, a recueilli au fil des ans une centaine de Bonobos. Signe de vitalité, il y au aussi de nombreuses naissances dans ce sanctuaire, situé près de Kinshasa et qui s’étend sur 35 hectares. Les primates y vivent en semi liberté.

L’ONG qu’elle a fondée, baptisé ABC (l’association congolaise les Amis des Bonobos du Congo) se charge de soigner les petits bonobos et de leur redonner l’envie de vivre, grâce à des mamans humaines de substitution. En effet, dans la jungle, ils restent pas moins de 5 ans dans le giron de leur mère.

Depuis quelques années, la priorité est donnée à la réintroduction des Bonobos de Lola ya bonobo dans leur milieu d’origine. Ce qui est passé par l’obtention d’une réserve dédiée dans la forêt primaire par le gouvernement congolais et par une préparation physique et psychologique des habitués du sanctuaire. Le film montre que les prétendants au départ subissent une série de tests (intelligence, débrouillardise, comportement dans l’eau, réflexes face à certains prédateurs, qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de croiser).

Mais, les communautés sont intégrées au processus. Il est en effet nécessaire d’éduquer les populations riveraines des Bonobos, pour qu’elles cessent de les chasser, mais également les écoliers, afin de les convaincre de contribuer à la survie de l’espèce. Des éco-gardes ont été formés pour garder un œil sur ces protégés. L’éco-tourisme dans la forêt est aussi mis en avant, comme une source additionnelle de revenus pour les populations. Dans le même temps, Lola ya Bonobos est aussi considéré par le gouvernement de RDC comme une vitrine de sa politique touristique.

L’ONG bénéficie de nombreux mécènes comme Kenwood, Fujifilm, RawBank, Air France, la Brasserie Bralima, Nova Product, Transport Routiers Congo, Vodacom. La SPA et la Fondation 30 millions d’Amis soutiennent également les Amis des Bonobos. Pour sa part, la Fondation Brigitte Bardot finance la nourriture de ces bonobos depuis neuf ans à raison de 43.200 euros par an. Cette somme représente environ 9 tonnes de fruits et légumes par mois achetés surtout aux maraîchers locaux.


Le film retrace l’histoire de la rencontre de Claudine André avec un petit Bonobos, Béni, arraché brutalement à sa mère. Avec un double intérêt : découvrir l’écosystème fragile d’un grand singe peu connu ainsi que le dynamisme d’une femme passionnée, qui l’a conduit à imaginer et à pérenniser un lieu de sauvegarde avec beaucoup de pragmatisme, de force de persuasion et un entourage motivé.

Au final, l’histoire des Bonobos illustre toutes les facettes humaines, de la cupidité et l’ignorance à l’humanisme et la volonté de progrès. Claudine André, qui est maman et grand-mère, et qui joue son propre rôle, est une héroïne modeste, qui s’est jetée à fond dans l’aventure. Elle n’écarte pas de passer un jour le relais, ce beau film étant susceptible de donner un coup de projecteur sur ses singes adoptifs et toute son équipe.

De son côté, Jean-Pierre Bailly, n’est pas non plus un inconnu. Il a produit Le Dernier Trappeur (2,2 millions d’entrée) et de Le Loup (1,2 millions d’entrée).

Les réalisateurs du film ont volontairement édulcoré la bouillonnante vie sexuelle des Bonobos, qui leur permet de négocier et résoudre les conflits, pour s’adresser au public le plus large. On retrouve de nombreuses postures humaines (bouderie, farce, pleurs, curiosité, peur, etc) chez les Bonobos, qui ont l’intelligence d’un enfant de 5 à 6 ans.

Un film porteur d’espoir à voir en famille.

Thierry Demaizière est allée à la rencontre de cette femme exceptionnelle dans sa réserve au Congo.


Les Amis des Bonobos
http://www.bonoboscongo.net/

Soutenez Lola ya bonobo
http://www.lolayabonobo.org/support.htm#adopt
Profil Bonobos sur Facebook
http://www.facebook.com/bonobos.lefilm

Radio Okapi (29 minutes)
A la découverte de « Lola ya Bonobo » 15/09/2009
http://radiookapi.net/emissions-audio/2009/09/15/a-la-decouverte-de-%C2%AB-lola-ya-bonobo-%C2%BB/

Autres sources :

Les bonobos pourraient-ils nous apprendre à vivre en paix ?
http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2006/12/05/bonobos-pourraient-nous-apprendre-vivre-paix

Qui sont les Bonobos ?
http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=792

Une expo : Sexual Nature is at the Natural History Museum, London, from 11 February to 2 October 2011.
http://www.guardian.co.uk/science/2011/feb/10/animal-sex-sexual-nature-exhibition

Sur la déforestation :
Certaines associations craignent la levée du moratoire existant dans le pays sur l’expansion de l’industrie forestière, qui est en vigueur depuis 2002. Jusque là, le gouvernement de RDC aurait été très impliqué dans le « volet forêt » des négociations internationales sur le Climat (REDD). Greenpeace International a cosigné en février dernier avec Rainforest Foundation (Grande Bretagne et Norvège), Global Witness et Bank Information Center une lettre adressée aux autorités congolaises et à la Banque Mondiale, leur demandant expressément de s’engager à un maintien et à un renforcement du moratoire.

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