vendredi 14 mars 2014

Jacques Attali et Pierre Bergé utilisent Twitter à bon escient

Contrairement aux hommes politiques, les dirigeants du monde des affaires sont peu présents sur Twitter. Il en va de même dans l’univers associatif. 

Pourtant, nombre d’entre eux en tirent des bénéfices évidents en ayant un contact direct avec leurs abonnés, c’est-à-dire avec une grande partie de leurs parties prenantes : sympathisants, militants, journalistes, blogueurs, etc. 

Ainsi, en alimentant Twitter par des messages réguliers, ils présentent ce qu'ils font et répondent à une attente d'un auditoire, qui peut devenir une caisse de résonance.

Voici quelques chiffres sur une quarantaine de dirigeants français ou anglo-saxons, qui font bouger les lignes dans le domaine de l’intérêt général, soit au sein d’une association, soit en tant qu’entrepreneurs sociaux. 

Sur une base médiane par dirigeant : 
  • Ils rédigent 3 tweets par semaine.
  • Ils sont suivis par 2.600 followers, un chiffre qui varie avec l’ancienneté. 
  • Ils suivent 180 Twittos, soit 14 fois moins. 
  • Par contre, ceux qui produisent plus de 3 tweets ou retweets par semaine bénéficient de 6.500 abonnés. 
  • Ils sont inscrits en moyenne depuis 3 ans et 9 mois. 
Mon échantillon présente un biais important, dans la mesure où y figurent des figures médiatiques majeures comme Bill Clinton ou Mohammad Yunus. 

Ce qui a tendance à majorer le nombre de followers de ma base. L’arrivée de Bill Clinton sur Twitter a d'ailleurs fait l’objet d’un buzz presque aussi important que pour le Pape.

Derrière les données se cache une réalité très disparate. 


Des stars de l'intérêt général sur Twitter 

Sans surprise, certains Twittos s’imposent naturellement, parfois sans effort. 

Très suivies, ces « divas » se montrent parfois elles-mêmes très sélectives, comme Bill Clinton, qui n’a que 10 abonnements, dont sa femme, Hilary, et sa fille Chelsea. 

Dans la même catégorie, on trouve : 
  • Chris Anderson, à la tête de TED, anime un réseau de conférences planétaire, où les innovations sont à l’honneur. Il n’est guère surprenant qu’il compte 1,5 million d’abonnés (pour 515 abonnements).
  • Tiger Woods, le champion de golf (Tiger Woods Foundation). 
  • Nicolas Hulot et Yann Artus Bertrand 
  • Jeffrey S. Skoll (Skoll Foundation), 
  • Muhammad Yunus 
  • Pierre Bergé 
  • Et dans une moindre mesure Ingrid E. Newkirk (PETA) 
L’ensemble des Twittos associatifs dont le nombre d’abonnés est 30 fois supérieurs à leurs abonnements représente 40% de mon échantillon. 

Les stars les plus actives sont Doug Ulman (Livestrong, 13.500 twt), Chris Anderson (3.600 twt) et Mohammad Yunus (2.304). Leur dynamisme ne peut que renforcer leurs causes. 

Avide de nouveautés, Jacques Attali est sans surprise un utilisateur régulier (3 twt/semaine).  Il a compris l'essence d'un réseau social, car il n'hésite pas à retweeter (RT).




Doug Ulman a su conquérir une popularité considérable, alors que la Livestrong Foundation aurait dû pâtir par ricochet des pratiques de dopage de son fondateur. 

Lance Armstrong pour la petite histoire est suivi par 3,9 millions de personnes. 

Doug Ulman indique sur son profil qu’il a survécu au cancer. 


Possibilité de cliquer sur l'image pour la grossir.

Les 4 leaders, qui figurent dans l'ovale bleu, ont réussi à capter l'attention de leurs abonnés en tweetant régulièrement. Ils ont compris la logique du réseau et en exploitent bien le potentiel.

Bill Clinton (qui est hors graphique) se rend aussi régulièrement sur le site de micro-blogging. Des rendez-vous appréciés, un large auditoire, il a choisi un schéma assez classique, celui d’une communication descendante.

En bas à gauche du graphique, dans le rectangle gauche, on voit aussi une grande densité de responsables associatifs, qui parviennent à exploiter Twitter, sans pour autant ni y passer trop de temps, ni y chercher à battre des records d'abonnés (beauty contest). Beaucoup d'entre eux ont visiblement trouvé le bon rythme et les bons messages.

Plusieurs étoiles endormies

Inversement, trois leaders charismatiques sont moins prolixes, comme George Soros, Yann Artus Bertrand (inactif depuis novembre 2013) et Nicolas Hulot (5 twt/an)
 
YAB indique sur son profil qu'il est "un peu partout :)", mais il n'est visiblement pas sur Twitter.

Le réseau de micro-blogging constitue pour eux une vitrine parmi d’autres, un moyen de plus de maintenir un lien entretenu au compte-goutte, sans grand engagement. 

Des Twittos pro-actifs 

Il existe un autre groupe (35% de notre échantillon), où le dirigeant associatif ou l’entrepreneur social joue l’interaction. 

Ils suivent un nombre relativement important d’autres Twittos (par rapport à leurs propres bases de followers). 

Comme : 
  • Belinda Phipps, à la tête du NCT (The National Childbirth Trust) au Royaume-Uni, 
  • Pierre Ferrari (Heifer International), 
  • Deux entrepreneurs sociaux : Ismaël le Moel (HelloAsso, France) et Arnaud Poissonnier (Babyloan), que j’ai eu la chance d’interviewer sur ce blog. 
  • Erich Pica (President of Friends of the Earth-US and Friends of the Earth Action). 
  • Jean Marie Fardeau, (Directeur du bureau français de Human Rights Watch), 
  • Serge Orru (ex WWF  France),
  • Stéphanie Rivoal (Action contre la faim). 
Tous ces dirigeants veulent susciter une large adhésion, rameuter la foule pour accélérer le développement de leurs organisations ou du monde. 

Ils ne cherchent pas à diffuser la bonne parole, deus ex machina, mais vont au contact. 

Ils sont prêts à passer plus de temps à dialoguer, voire à partager, car ils ont conscience de la nécessité de gagner la confiance et de recueillir des soutiens. Ils se bâtissent une communauté dans la durée. 

Pour aller plus loin :
  
Premal Shah et Chris Anderson font figure de vétérans, présents sur le réseau depuis le premier semestre 2008. 

Au sein de ma sélection, le premier Français à s’y être aventuré est Jacques Attali. 

Grosse vague de Twittos en 2009. 

Les derniers venus sont Bill Clinton, Maile M. Zambuto (Executive Director of the Joyful Heart Foundation), Marc Blanchard (Max Havelaar France) et Marina Damestoy (Génération Précaire). 

  • Sur mon panel, il semblerait que plus on est ancien, plus on tweete, ce qui signifie que les leaders associatifs y prennent goût et qu’ils en maîtrisent de mieux en mieux les codes. 
  • Et, logiquement, plus on est ancien, plus on a d’abonnés. Les choses peuvent néanmoins aller assez vite : ainsi, Pierre Bergé s’est assuré la fidélité de plus de 23.000 abonnés en moins de 2 ans à raison d’une dizaine de tweets par semaine.

Les comptes de Reha Hutin et de la Fondation 30 Millions d'Amis ne font qu'un.
  
Fin

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